SONIA LUST

Si Excalibur m'était conté

Au royaume des couteliers, il est des castes dont on parle moins. Il s'agit entre autres des graveurs dits de taille douce:''Scrimshaw".

Une raison des plus pertinentes saute aux yeux; leur nombre est inversement proportionnel à celui toujours grandissant des couteliers.

Sonia Lust émane de la dite caste. Un goût porté depuis toujours vers le trait et le dessin la dirige des plus naturellement à choisir les "beaux-arts" et poursuivre dans le monde de la publicité. Par curiosité elle s'essayera au scrimshaw pour ne plus jamais s'en défaire et on dira encore aux enfants jusque dans la nuit des temps: «la curiosité est un vilain défaut.

Sonia n'est pas rousse mais vient d'un petit village de "gaulois" et résiste. Il n'est pas rare de constater que le milieu influence l'artiste. Le climat belge, ses paysages qui ont vu tant de peintres de l'école flamande et d'écrivains «fantastiques" perpétue ce particularisme séculaire qui enrichit encore les artistes d'aujourd'hui.

Sonia pratique plusieurs techniques. Le trait et le point qui s'utilisent en fonction du relief et du contraste que l'on veut donner au motif. Dans certains cas une alchimie des deux techniques donnera une gravure plus nuancée.

La couleur apporte une dimension autre au scrimshaw et s'applique merveilleusement à des motifs floraux ou à certains oiseaux et papillons si riches en nuances.

Elle pratique son art sur la plupart des matières utilisées par les couteliers (surell, micarta, ivoire, ivoirine, corne noire, mammouth,...)

Mais ce serait restreindre et dénigrer cet art qui se pratique depuis des siècles déjà et qu'il n'est pas rare de découvrir chez les antiquaires sur des manches de couverts et autre décoration chinoise avec des motifs floraux. Bon nombre de bijoux de fantaisie, des boucles de ceinture, des palettes en ivoire, des plaquettes de revolver et bien d'autres supports présentent de pures merveilles. Certaines matières sont plus difficiles à travailler du fait de leur dureté. La corne noire permet de graver en blanc et offre une vision différente du scrimshaw traditionnel noir sur fond blanc.

Une surface des mieux préparée et des mieux polie accentuera le relief et présentera un rendu supérieur. Un outillage restreint, quelques pointes à graver, de l'encre, des tampons, une bonne lunette de graveur et le tour est joué: «il y'y a plus qu'à..."

Cette boutade représente en réalité une expérience énorme. Sonia maîtrise tant le dessin, la reproduction d'un document, les proportions et surtout la vision de l'espace à exploiter. Combien de gravures ne voit-on pas qui ont l'air perdues sur une surface immense.

Je n'oublierai pas de vous dire que le scrimshaw à ce niveau d’exécution permet toutes les élucubrations photographiques.

Le côté intemporel du scrimshaw ajoute un plaisir supplémentaire et permettra toujours d'être "up to date"